Version intégrale sur revues.org
Résumé :
Les frontières de l’institution judiciaire se déplacent. Depuis une quinzaine d’années, celle-ci a connu des réaménagements réglementaires, organisationnels et professionnels multiples, modifiant l’équilibre entre les différents champs d’intervention sociale – tant judiciaire que extra-judiciaire - et reconfigurant la normativité et les modes de prise en charge d’un certain nombre de catégories de justiciables reconnus comme publics « déficients » ou « déviants » – il peut s’agir des « mineurs en danger », d’« auteurs d’abus sexuel », de la gestion des « élèves difficiles », des « usagers problématiques de drogues » ou encore de la définition des droits des « demandeurs de l’aide sociale » ou des modes d’accompagnement des « surendettés ». Ces dispositifs « socio-judiciaires » présentent une série de caractéristiques communes dominées par les référentiels du travail en réseau et de la gestion des risques. C’est de la manière dont l’un et l’autre se déploient dans l’expérience concrète des professionnels, ainsi que des déplacements des frontières de la justice et des tensions qu’ils révèlent que traite cet article, basé sur les résultats d’une recherche qui a porté sur huit « scènes » socio-judiciaires où se mêlent et s’hybrident des logiques d’intervention différentes.