Centre d’Etudes et de Recherches en Administration Publique

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Accueil du site - Repéré pour vous - Livres et revues - Compte-rendu. Innovation politique 2012

Lien vers le site de la Fondation pour l’innovation politique

L’ouvrage collectif Innovation politique 2012 regroupe les principaux travaux réalisés par le Fondation pour l’innovation politique entre septembre 2010 et octobre 2011.

Cette fondation se dĂ©finit comme un think thank « libĂ©ral, progressiste et europĂ©en ».

Deux contributions, qui ne sont pas les plus signifiantes de l’ouvrage consacrĂ© Ă  l’innovation politique (dans les domaines de la dette publique, de la croissance, du retour du tirage au sort en politique, etc..) ont suscitĂ© notre intĂ©rĂŞt. Il s’agit de l’article Valoriser les monuments historiques de nouvelles stratĂ©gies par Wladimir Mitrofanoff (ancien prĂ©sident de l’AcadĂ©mie d’architecture) et Christiane Schmuckle-Mollard (membre du conseil de l’AcadĂ©mie d’Architecture. Ce texte attire l’attention sur l’apparition en France d’un instrument juridique novateur pour la valorisation des propriĂ©tĂ©s de l’Etat, le bail emphytĂ©otique de valorisation (BEA de valorisation). Ce nouveau dispositif permet Ă  l’Etat de contrĂ´ler la conformitĂ© de l’activitĂ© du locataire par rapport au bail et de lui accorder en contrepartie des droits rĂ©els, nĂ©cessaires Ă  l’obtention de crĂ©dits bancaires indispensables Ă  la conduite d’opĂ©ration de restauration de grande ampleur. Outre l’aspect du rayonnement de la France dans le monde, l’enjeu est aussi de taille sur le plan de l’emploi. En effet, les 3.396 monuments historiques français crĂ©ent ou induisent 500.000 emplois.

Le second texte rédigé dans un style fonctionnel par Thierry Weibel, directeur auprès du Groupe Voirin Consultants – ATELYA, décrit et analyse l’administration 2.0.

L’auteur se demande si « l’alignement stratĂ©gique » sur la politique des restrictions budgĂ©taires est pertinent dans le domaine de l’administration 2.0 ? Poser la question Ă©quivaut Ă  y rĂ©pondre. Selon le contributeur, un million d’euros investis dans des travaux de voirie ne dĂ©gagent pas la mĂŞme valeur ajoutĂ©e qu’un million d’euros investis dans l’administration 2.0.

En effet, les dix dernières annĂ©es ont vu l’innovation et les nouveaux apprentissages de l’informatique quitter l’entreprise et rejoindre la sociĂ©tĂ© civile : de nouveaux modèles de communication (MSN, Skype, Wikipedia..), de nouveaux modèles de relation (Facebook, Twitter, LinkedIn), de nouveaux modèles Ă©conomiques (Amazon, Google), de nouveaux modèles techniques (cloud computing, consommation de l’informatique par abonnement). Le concept d’administration numĂ©rique est une rĂ©ponse signifiante et opĂ©rationnelle aux problĂ©matiques posĂ©es dont celle du more services for less money.

Selon l’auteur, le service numĂ©rique implique une « stratĂ©gie tetris » qui tire son nom du jeu vidĂ©o Tetris. Dans ce jeu, le joueur dit dĂ©cider rapidement de la meilleure façon de placer diffĂ©rentes pièces dĂ©filant Ă  une vitesse toujours croissante. Pertinence du choix de placement et la vitesse de prise de dĂ©cision sont donc deux facteurs Ă  prendre en compte.

Selon cette stratĂ©gie, il serait parfois plus rentable de choisir une solution simplement « assez correcte » plutĂ´t que de rechercher la meilleure solution en y consacrant beaucoup d’énergie et de temps.

Les algorithmes employés en intelligence artificielle consacrent ce principe de sélection. Pour Thierry Weibel, l’administration 2.0 est hautement collaborative et poreuse aux influences du secteur privé et des particuliers. Comme le secteur public est historiquement dans l’unilatéralité avec les usagers et son éco-système, il s’avère nécessaire d’aménager le management public pour le rendre compatible avec l’administration électronique.

A ce titre, les portails collaboratifs apportent des solutions pertinentes. L’e-room ou espace collaboratif est destinĂ© Ă  l’équipe projet qui peut, de la sorte, travailler en mode asynchrone.

D’après le contributeur, les usagers du service public devront accepter « â€¦l’imperfection de l’expĂ©rimentation, voire de l’abandon de certains services. L’image d’une administration faiblement adaptable mais fiable et constante se trouvera transformĂ©e en territoire public flexible, Ă  gĂ©omĂ©trie variable, rĂ©actif et parfois pris en dĂ©faut ».

L’administration 2.0 pourrait pense-t-il devenir dans les cinq annĂ©es Ă  venir, la nouvelle offre de services publics adaptĂ©e aux contraintes et aux attentes. Cette nouvelle offre conçue et portĂ©e en partenariat avec le secteur privĂ©, peut ĂŞtre assimilĂ©e Ă  une nouvelle politique de grands travaux.

Cet article résume bien les enjeux notamment en termes de productivité. Il illustre aussi les tensions structurelles entre la qualité de la prestation administrative et l’accélération continue de sa délivrance.

On regrettera néanmoins que la contribution n’aborde que sommairement, la problématique fondamentale de la gestion des ressources humaines dans ce nouveau contexte.

Alexandre Piraux